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Rétivité, douleur et mauvaise volonté

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Rétivité, douleur et mauvaise volonté

C’est un sujet qui revient régulièrement entre le Docteur Minh-Tam Franck et moi-même lorsque nous partageons nos expériences professionnelles. Il faut encore beaucoup expliquer ce qu’est une défense, et comment la prendre en charge. Alors on s’est dit qu’on allait écrire un article, en espérant que le sujet vous interpelle.

Les rétivités, ou plus communément nommées “défenses”, sont des comportements d’évitement ou d’opposition aux demandes de l’Homme.

Quels sont ces comportements ?

  • Lourdeur, lenteur, refus d’avancer, somnolence
  • Fuite, fuite en avant, accélérations brusques, emballement
  • Mouvements de tête, secouement, arrachage des rênes ou de la longe, enfermement
  • Rigidité, résistance, opposition physique
  • Ebrouement, coucher, roulade
  • Gratter le sol, taper du pied au sol, jambette
  • Tirer au renard
  • Coups de cul, sauts de mouton, cabrer
  • Poursuite, charge
  • Oreilles couchées, fouaillements de queue
  • Menace de morsure, morsure, menace de coups (tête, antérieur, postérieur), coups.

Les comportements en bleu sont des comportements d’évitement, et ceux en rouge sont des comportements agressifs. Chacun permet de contourner de façon plus ou moins franche une situation imposée.

Attention, il est important de distinguer les défenses de deux autres types de comportements :

  • Les observables de mal-être chroniques, comme l’abattement et l’hypotonicité (comme état constant), l’encolure anormalement basse, les paupières creusées, le regard vide, le manque d’interactivité avec les autres chevaux et humains, la perte d’appétit, etc.
  • Les réactions émotionnelles et physiologiques, comme les écarts de surprise, la paralysie de peur, urine ou défécation de stress, la recherche de satisfaction de besoins vitaux, l’évacuation de la tension physique ou mentale par le mouvement, la régulation de la température, la boiterie, les réactions de douleur, les postures antalgiques et compensatoires, etc.

Je vous suggère de prendre quelques minutes pour essayer d’analyser la différence entre les défenses et ces 2 dernières catégories…

Les comportements de défense existent pour une seule raison : dire “je ne veux pas”. Ici le cheval développe en fait une stratégie d’évitement de ce qui lui est délétère.

Prenons l’exemple d’un cheval qui a mal à un pied:

Si nous observons qu’il boite, c’est une réaction physiologique et irrépressible générée par la douleur. Nous pourrions aussi observer, si sa boiterie est invalidante depuis longtemps, des comportements et expressions faciales de déprime (lenteur, oreilles molles, regard vide…). Si ce même cheval ne se laisse pas attraper au pré, ou qu’il refuse de faire le moindre pas en avant arrivé dans la carrière, il manifeste alors des défenses. Il communique, il dit “je ne veux pas”.

Ce qu’il est important de comprendre maintenant, c’est qu’un cheval n’a pas de “mauvaise raison” de dire qu’il ne veut pas. De nombreux cavaliers, et même soignants, sont tentés de prêter au cheval des intentions de nuire, ou de poser un jugement de valeur sur le cheval. Con, fainéant, comédien, pisseuse et autres noms d’oiseaux fusent trop souvent dans les arènes… Il arrive aussi le contraire, de croire qu’un cheval est en joie alors qu’il est en détresse.

D’après notre expérience, dans la majorité des cas, un cheval rétif est en souffrance physique. Entre les dents, le dos, les pieds, l’appareil digestif, le matériel, le mode d’entraînement… un cheval domestique a beaucoup d’opportunités de souffrir… Malheureusement, le diagnostic n’est pas garanti par une visite vétérinaire, ostéo et autres. D’où l’importance d’appliquer le principe de précaution.

Mais, aussi, un cheval peut ne pas être motivé. Il peut s’ennuyer. Être fatigué. Ne pas aimer l’activité proposée. Avoir d’autres préoccupations (grégarité, reproduction, faim…). Ne pas apprécier voire ne pas supporter une personne qui le stresse ou le malmène. Et ?

Peu importe ce qui est à l’origine de l’absence de coopération, ce n’est pas un défaut du cheval ! Ce n’est un défaut qu’en regard de nos attentes, et c’est donc notre responsabilité. Du point de vue éthique, on n’a pas le droit de dénigrer cet aspect. Respecter la personnalité, l’intégrité psychique, les sentiments et les sensations du cheval, c’est aussi un enjeu de santé globale. 

Forcer un animal a exécuter quelque chose de désagréable lorsqu’il s’agit de le protéger, d’agir en urgence, c’est une chose. Le forcer dans un contexte équestre c’est autre chose !

Si vous avez identifié une ou plusieurs défenses citées chez votre cheval lorsqu’il interagit avec vous ou au travail, demandez-vous si :

  • Il a mal quelque-part
  • S’il est heureux là où il vit
  • Si le matériel est adapté
  • Si votre relation avec votre cheval est confortable pour lui
  • Si vos demandes sont justes
  • Si elles ont vraiment de l’intérêt pour votre cheval
  • Si la personnalité de votre cheval est compatible avec vos attentes

En cas de difficultés à comprendre le comportement de votre cheval, faites-vous aider !

Le Dr Minh Tam Franck vétérinaire, ostéopathe et praticienne en médecine traditionnelle chinoise consulte dans le Sud-Ouest.

Sophie Daveau propose des bilans comportementaux et formations en éthologie et biomécanique en Bretagne, ainsi que des entretiens en visio et suivi vidéo.

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