Entre sauvage et poupée. La réalité du milieu. 

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Entre sauvage et poupée. La réalité du milieu. 

Que l’on gère son cheval comme une s’il était une poupée ou comme s’il était sauvage, il ne s’agit là que de nous. On exprime nos idéaux, on satisfait nos besoins. Parce que ceux des chevaux sont particulièrement complexes et variables, et aucune de ces deux visions n’est juste en tant que principe. Il n’y a pas 2 écoles. Il y a 1 école : celle des chevaux.

Dans mon écurie, il y a des chevaux ronds et poilus comme des yaks qui aiment dormir en plein vent, et d’autres qui ont des couvertures et des chaussures en plastique, bien calés dans les coins des abris.

Ils ont le droit d’être différents, mes compétences servent tous les chevaux. Même si mon idéal à moi, c’est le mode yak…

Quand des arguments de gestion de chevaux invoquent le “naturel”, de quoi parle-t-on en fait ?

Est-ce que nos chevaux vivent dans des environnements naturels ? Non.

Est-ce que nos chevaux domestiques et les chevaux sauvages sont de la même espèce ? Non.

Il y a plus de différences entre la génétique du cheval sauvage et du cheval domestique, qu’il n’y en a entre nous et le chimpanzé (qui n’est que d’environ 1%).

Invoquer le naturel pour énoncer des vérités fermes au sujet de la façon de soigner les chevaux domestiques, c’est un formidable déni de notre impact sur la nature. Nous la déséquilibrons, nous la détruisons. Les animaux domestiques ont été sélectionnés et drastiquement modifiés pour répondre à une foule de critères bien éloignés des compétences de survie originelles.

N’est-ce pas un peu facile, de choisir des mâles et des femelles, de les croiser selon nos préférences esthétiques ou sportives, de les sevrer prématurément, de les laisser se (sous)développer physiquement et psychiquement dans des milieux très pauvres, de les balader de lieux en lieux sans qu’ils n’aient jamais l’opportunité d’intégrer des cultures et des langages, et puis ensuite….. de ne pas les chausser, de ne pas les les réchauffer ou de ne pas les complémenter parce que naturellement, ils n’en ont pas besoin ?

Et pour autant, les parquer dans des boxes, tondus sous couvertures avec des fers et 12L de céréales par jour est une aberration totale.

Regardons ce que nous avons fait aux chevaux !

Comparez un cheval domestique Mongole, ou Sud Africain, et un cheval domestique Français. Même domestiqués et montés, dans certains endroits du monde, les chevaux sont extrêmement rustiques.

Et c’est possible pour plusieurs raisons :

  • Les chevaux vivent en troupeau. Je ne parle pas de groupe, mais bien de troupeau.
  • Il y a de vastes espaces naturels, les chevaux n’ont pas de limite territoriale sensible…Contrairement à la France qui est urbanisée et cultivée partout et qui n’offre aux chevaux la plupart du temps que des boxes, des paddocks ou des prés de quelques hectares.
  • Les chevaux meurent ou vivent en fonction de leur capacité à survivre.
  • Les humains sont aussi coriaces que leurs chevaux, ils savent choper un poney qui a vécu 8 mois libre sous la neige, et remonter dessus en quelques heures après avoir mangé un peu de poussière. C’est brutal, mais contrairement aux longues périodes d’éducation et ce qu’elles impliquent sur le mode de vie du cheval, cela ne modifie que très peu les structures comportementales des chevaux.

 

C’est un dur constat : Nos chevaux domestiques occidentaux sont pour la plupart handicapés.

Nos chevaux de sport, petits et grands, sont conçus pour avoir des tissus très fins. Ils sont fragiles.

Nos poneys et petits chevaux sont majoritairement atteints par des maladies génétiques qui causent des troubles métaboliques et hormonaux extrêmement difficiles à gérer.

Nos chevaux sont presque tous atteints par Lyme et autres maladies qui détruisent leur immunité.

Notre équitation sportive et de loisirs prédispose nos chevaux à des troubles musculosquelettiques précoces qui deviennent chroniques.

Les chevaux que nous achetons même jeunes, ont souvent déjà subi des dégâts ou des manques irréversibles au niveau physiologique ou structurel.

Repensez un peu au coup des rations, du boxe, des couvertures, des orthèses…

La majorité de nos chevaux Français ont besoin d’aides artificielles pour une digne qualité de vie. Et surtout d’un changement profond de nos modes d’élevage et de gestion !

Voici quelques exemples :

  • Si vous voulez vraiment savoir si votre cheval a froid, prenez sa température, regardez si sa peau est mouillée lorsqu’il pleut, pendant combien de temps il grelotte, s’il perd du poids, s’il montre des signes d’épuisement, de prostration. Même sans signe évident, en faisant le test de couvrir un cheval (surtout les grands), vous pourriez être surpris par le changement de l’aspect des muscles et de la posture.
  • Si votre cheval a mal aux pieds, ne le laissez pas souffrir, et la douleur ne se gère pas uniquement quand vous le sortez. Si le fer métallique n’a plus aucune raison d’exister, il existe aujourd’hui d’autres solutions comme les chaussures plastiques qui sont plus adaptées, et pas plus cher. S’il souffre au bout de plusieurs années de tentatives de rééducation par le parage, chaussez le. Apprenez à parer votre cheval. Parce qu’au “naturel”, l’abrasion sous les pieds c’est tous les jours.
  • Si vous voulez être sûre que votre cheval n’est pas infesté par les parasites présents à cause de la sédentarité, n’écartez pas le vermifuge chimique, au moins une fois par an. Mes chevaux ont des copro systématiquement à zéro, et ils sortent systématiquement des vers quand je les vermifuge aux premières gelées. Il vaut mieux une bonne stratégie de vermifugation chimique et de gestion de prairies, plutôt que de perdre un cheval ou de ne pas savoir qu’il se fait ronger de l’intérieur.
  • Le cheval n’est pas descendu du ciel pour qu’on monte dessus, certes, mais son dos est une structure solide et passive qui peut généralement très bien porter un humain, si tant est qu’il ne le fait pas lorsqu’il est encore en pleine croissance, en tirant et en poussant.
  • La stabulation (l’avenir systématique du boxe j’espère!) peut être un excellent outil pour des chevaux en crise de quelque chose.
  • Ne confondez pas “naturel”, “spontanée”, et “vrai”.
  • Les chevaux domestiques Français sont sous-développés sous bien des aspects, mais ils sont aussi particulièrement adaptés pour d’autres ! Essayez de comprendre en quoi consiste vraiment l’évolution des chevaux !

Pour résumer, regardons en face les réalités de nos chevaux, soyons honnêtes avec nous-mêmes, développons les compétences qui nous permettront de comprendre les besoins des chevaux au cas par cas, et enfin, prévenir plutôt que guérir ! Notamment au sujet de l’élevage et de l’équitation.

Chérissons nos chevaux, qui sont nos derniers liens avec notre nature extérieure et intérieure… Ils ont ce rôle à jouer et nous sommes leurs gardiens ! Faites leur honneur, œuvrez pour la nature, oeuvrez pour des chevaux forts à l’avenir, mais ceux qui ont souffert, ceux qui sont fragiles, soignez les comme il se doit…

Préparons le futur en assumant le présent 🙏

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