Au secours, j’ai pas d’assiette !
J’ai envie de vous parler d’assiette aujourd’hui, en abordant 2 points : Ben… l’ASSIETTE ! De quoi s’agit-il concrètement et qu’est ce qui fait qu’elle est “bonne” ou “mauvaise”, et enfin, la SELLE.
L’ASSIETTE.
Généralement, dans la tête des cavaliers, une bonne assiette c’est quand on parvient à garder les fesses collées à la selle, particulièrement au trot.
Si je demande à un cavalier de se pencher fort en arrière et de tenir le pommeau de sa selle, il a de bonnes chance de garder ses fesses plaquées à la selle. Est-ce que cela lui donne une bonne assiette ? Non. Idem pour un cavalier engoncé dans une selle de dressage pleine de taquets.
Parce que la qualité d’assiette réside certes dans la capacité à conformer son assise aux mouvements du cheval, mais aussi et surtout dans la capacité à recevoir et transmettre des informations en plus du mouvement. C’est à dire que non seulement l’assiette ne s’arrête jamais de marcher avec le cheval, mais en plus de ce mouvement perpétuel, elle peut ajouter ou soustraire des éléments de communication.
On est quand-même plus dans la salsa qu dans le défilé militaire, là… !
Pour reprendre les bases :
Lorsque je reçois un nouveau cavalier pour de la mise en selle, j’observe l’orientation et l’étendue de son assise. Chez certains, les parties du corps assises, c’est à dire celles qui pèsent sur le corps du cheval, s’observent jusqu’aux genou. Chez d’autres, seulement jusqu’à mi-cuisse. Certaines femmes incluent même leur pubis dans les zones d’appui/assise. Non non, c’est pas cool du tout.
L’assise, petite zone, mais complexe.
C’est essentiel d’installer le cavalier sur le meilleur compromis présent de bassin et de cuisses.
AH, les cuisses… En fonction que l’ouverture de hanches soit ample ou non, ou que vous ayez beaucoup de tissus sur les cuisses/fesses ou non, ça change pas mal de choses.
Pour les cavaliers qui ne peuvent pas écarter beaucoup les jambes sans avoir mal ou le faire au détriment du délié de hanches, il est préférable d’avancer/monter la jambe.
Oui je sais, l’idéal, c’est la descente de jambe. Mais pas au détriment de la qualité de mouvement de notre corps ou de celui de notre cheval.
On installe l’assise, car c’est ce qui pèse le plus lourd dans la balance. Je vous rassure, chez la majorité des cavaliers que j’installe à cheval, une fois assis au mieux, la tête les mains et les pieds partent en cacahuète. On est là devant la vérité vraie : Les influences mutuelles entre le tronc et les membres.
C’est parfois frustrant d’accorder du temps à la fonctionnalité de ce qui se voit le moins de l’extérieur… Mais l’équitation, elle est précieuse justement lorsqu’elle devient intime avec le cheval, et que vous avez abandonné le souci de votre image. Lorsque le centre apprend à monter à cheval, les extrémités suivent, tranquillement…
Chez les personnes qui ouvrent facilement les hanches, les cuisses se verticalisent, c’est joli, c’est pratique, mais souvent, cela se combine à un bas de dos creux et un bassin qui roule en avant.
On peut démarrer l’équitation avec de bonnes prédispositions physiques, mais c’est garanti, on n’a jamais toutes les qualités de l’écuyer sans avoir beaucoup travaillé.
Ca me tient à cœur de vous dire ceci : L’idéal n’est pas un prérequis à l’action. N’attendez pas la selle idéale ou la posture idéale pour monter. L’idéal n’est pas un choix qu’il faut faire pour commencer quelque chose. En fait, vous ne savez pas quel est votre idéal tant que vous ne l’avez pas cherché. Il y a une telle pression esthétique et culturelle autour de l’équitation que votre idéal n’est d’ailleurs sûrement même pas le votre. C’est plutôt une injonction.
LA SELLE.
Ouh, je vais me faire appeler Gertrude, je le sens déjà.
La selle, du point de vue physiologique, ça correspond à une attelle. C’est à dire que c’est une structure plus ou moins rigide fixée sur une partie articulée. Elle restreint donc le mouvement. Pour toute restriction extérieure, il y a potentiellement une perte musculaire, une modification gestuelle et proprioceptive. Bon, les vertèbres du cheval ne sont pas très mobiles. Mais quand même.
L’attelle a évidemment des avantages, notamment en termes de consolidation, de protection, de gestion de contraintes, etc.
En kinésithérapie humaine, l’usage de l’attelle est très complexe et controversé car il est difficile de savoir si on sert ou si on dessert le patient.
Bref, de ce fait, pour en revenir à l’assiette, il ne se passe pas du tout la même chose sur une selle ou directement sur le dos. Tout simplement parce que la selle est un couvercle rigide posé par dessus une structure qui fonctionne avec une alternance gauche droite. Quand a cru votre assiette est mobilisée en 3D avec des cuisses entraînées alternativement par les épaules du cheval, et bien en selle, elle aura tendance à adopter spontanément un mouvement “avant-arrière”.
Pour moi, une assiette s’éduque d’abord sur un dos, et ensuite sur une selle.
Tous les types de selles (rigides ou souples) ont des avantages et des inconvénients. Pour choisir la meilleure, il faut identifier des besoins, non seulement ceux de votre assiette, ceux de votre cheval qui lui aussi se mobilise de façon unique, et aussi de votre pratique. Il faut la choisir en fonction de l’usage réel, c’est à dire les vrais besoins de votre assiette, et la vraie locomotion de votre cheval. Pas en fonction d’un objectif que vous vous fixez. On n’achète pas une selle de dressage pleine de taquets comme un pantalon une taille en-dessous pour se motiver à maigrir !
Je connais un kiné spécialisé en alpinisme et ultra trail. Il dit que quand ses patients sportifs reviennent constamment en disant qu’aucune paire de chaussures ou qu’aucun sac à dos ne leur convient malgré la meilleure technologie possible, c’est que leur schéma, qu’il soit dysfonctionnel ou non, est trop complexe pour les limites techniques de l’ergonomie.
S’ils se focalisent sur les chaussures ou sur le sac, ils mènent une vie de frustration. La voie de l’épanouissement est ailleurs.
Idem avec les selles. Tout individu globalement bien portant supportes un lot de contraintes, de surpressions, et autres imperfections. Vos chaussures du commerce, la ceinture de votre pantalon, les lanières du sac à main, le siège de la voiture, votre vieil oreiller. C’est la façon dont on équilibre nos efforts et notre récupération qui assure la santé. J’ai tendance à penser que c’est OK de mettre une selle qui va “plutôt bien” à un cheval, à partir du moment où il est en bonne santé et qu’il a une possibilité de restauration naturelle (ou artificielle, au pire).
Aussi, ne sous-estimons pas à quel point la qualité de votre équilibre ou de votre assiette peut valoriser/dévaloriser une selle.
En 2023, je vous souhaite de lâcher votre souci de l’image, de rentrer dans le corps à corps, de chercher dans le centre…
Et de laisser votre idéal venir vous trouver.
Comments (3)
Je ne sais pas comment faire pour ouvrir les hanches et cuisses pour avoir une bonne assiette et « entrer dans sa selle », et pouvoir fermer le bas de jambe pour demander au cheval d’avancer .
j’ai du mal à garder les mollets au contact de la selle .
je ne sais pas comment faire pour ouvrir les hanches et cuisses pour avoir une bonne assiette et « entrer dans sa selle », et pouvoir fermer le bas de jambe pour demander au cheval d’avancer .
J’ai du mal à garder mes mollets au contact de la selle .
Bonjour Leane, il semblerait que l’idée que vous vous faîtes d’un bon fonctionnement à cheval ne soit peut être pas juste !
Je commencerais pas vous dire qu’il n’est pas nécessaire de contracter ses jambes pour faire avancer un cheval. Il faut explorer cette hypothèse car il existe d’autres façons de rétablir et entretenir l’impulsion d’un cheval.
Ensuite, il est sans doute important de travailler sa mobilité de hanches et de lombaires, en dehors des séances d’équitation.
Et enfin, chercher à relâcher son bassin et contracter ses jambes n’est pas très naturel. Peut-être que, lorsque vous avez vraiment besoin de votre mollet pour dire quelque chose à vote cheval, vous pourriez penser à garder la cuisse détendue, et fléchir légèrement votre genou, afin que votre bas de jambe recule en direction du cheval. Attention, toucher avec la jambe ne veut pas dire presser !
Nos aides doivent s’accorder avec une forme d’idéal équestre : légèreté, confort, patience, équilibre, pour soi comme pour le cheval. Lorsque quelque chose “ne passe pas” dans la légèreté, il faut identifier le problème, pas forcer.